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orphelin, sans une oraison ni une goutte d’eau bé" nite, dans son triste coin de Fouesnant.

Le soir, lorsque les neveux rentrèrent au Cosquer, la servante de garde leur dit :

— Je ne sais pas ce qu’a Thorloge : depuis le moment où vous êtes partis, elle n’a plus marché.

Cette horloge, du temps que vivait le vieux Qui-niou, était un de ses orgueils. Il est vrai qu’elle n’avait pas sa pareille dans toute la contrée. C’était une pièce magnifique, avec des rouages extrêmement compliqués et une sonnerie merveilleuse. Quand elle tintait les heures, vous eussiez juré entendre tout un carillon. Et la gaine de bois qui la renfermait était sculptée comme un autel d’église, avec des fleurs, des arbres, des oiseaux, que sais-je !

— Bahl dit l’aîné des héritiers, elle a besoin qu’on lève ses poids, pas autre chose.

Et il se mit en devoir de la remonter. Mais il eut beau faire aller et venir les poids, le mouvement intérieur de l’horloge demeurait silencieux, ne donnait pas un signe de vie.

— Elle est ensorcelée ! finit-il par déclarer en désespoir de cause. Il faudra mander Kreizté-hanter.

Kreizté’hanter (midi et demie) était le sobriquet par lequel on désignait communément un horloger de Concarneau, que l'on appelait aussi le « médecin de l'heure ». On alla donc le quérir en voiture, pour qu’il soignât l’horloge malade.

Il la palpa, l’ausculta, l’examina minutieusement au dedans comme au dehors, et ne put que secouer la tête, en disant :