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XCIV L'horloge arrêtée

Quand le vieux Quiniou, du Cosquer, en Foues-nanty passa de vie à trépas, comme il ne laissait pas d'héritiers directs, ce furent des neveux à lui qui eurent ses biens en partage et vinrent demeurer dans sa maison.

Pendant les premiers temps qui suivirent sa mort, ils ne manquèrent pas, aux « grâces » du soir, de faire réciter un De profundis pour le repos de son âme. Mais, peu à peu, ils oublièrent ce qu'ils devaient au pauvre vieux et, bientôt, il ne fut pas plus question de lui, dans la ferme qui avait été la sienne, que s'il n'eût jamais existé. On cessa même de visiter et d'entretenir sa tombe au cimetière. Les pierres se disjoignirent, la folle herbe les envahit. Vous eussiez dit la sépulture d'un misérable, et non pas, certes, celle d'un richard qui avait possédé jusqu'à neuf cents écus de rente. Pis encore : une fois célébré son anni^ versaire, on ne commanda plus une messe à son in- \ tention. Bref, on l'abandonnait à son sort, quel qu^il ' pût être, bon ou mauvais,

A la Toussaint suivante, les neveux^ qui étaient originaires de Benzec-Conq^ se rendirent à l'église de cette paroisse prier pour leurs parents défunts. Quant au vieux Quiniou, lui, il resta seul^ comme un

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