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— Où donc est ce que vous portez et qui a la vertu d'effrayer les animaux ?

Le pelit vieux répondit sur un ton plaintif :

— Vos yeux ne peuvent le voir, mais les naseaux de votre cheval Tout flairé. Les animaux en savent souvent plus long que les hommes. Le vôtre ne continuera son chemin désormais que lorsqu'il ne me sentira plus ni devant, ni derrière lui, sur la route.

— Vous ne voulez cependant pas que je reste ici jusqu'à viiam aeternam. J'ai besoin de rentrer à lllc-Grande. Puisque je vous ai rendu service, à votre tour conseillez-moi : Que faut-il que je fasse encore ?

— Je n'ai le droit de rien demander : c'est à vous d'offrir.

Pour la première fois de sa vie peut-être, Marie-Job Kerguénou la commissionnaire demeura un instant embarrassée.

— « Ni devant, ni derrière lui, sur la route », songeait- elle. Quel moyen trouver ?...

Brusquement elle s'écria :

— Une fois dans ma voiture, vous ne serez plus sur la route. Montez !

— Dieu vous bénisse I dit le vieux petit homme. Vous avez deviné.

Et il se traîna tout courbé vers la charrette où il eut niille peines à se hisser, quoique Marie-Job le poussât des deux mains. Quand il se laissa tomber sur l'unique siège, on eût dit que l'essieu fléchissait et il y eut un choc sourd, comme un bruit de planches heurtées. La bonne femme s'installa tant bien que mal auprès de cet étrange compagnon et Mogis, tout