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jambes qui fléchissaient sous elle, elle fit un effort suprême.

Mais aussitôt elle tomba à la renverse.

Grâce à Dieu, son dernier effort avait suffi.

Couchée sur le dos dans Therbe du cimetière, elle vit le corps de son fils, devenu blanc comme neige, s'élever doucement dans le ciel, comme une colombe qui prend son vol.

Quand il fut à quelque hauteur au-dessus d'elle, il lui dit :

— Ma mère, en m'aimant trop pendant ma vie, en me pleurant trop après ma mort, vous aviez retardé ma béatitude éternelle. Il fallait, pour que je fusse sauvé, que vous fissiez sortir de moi autant de gouttes de sang* que vous aviez versé sur moi de larmes. Désormais, nous sommes quittes. Merci !

Sur ce mot, il s'évanouit dans Tair.

A partir de cette nuit, Grida Lenn ne pleura plus. Elle avait compris que son fils était mieux là où il était qu'il ne l'aurait jamais été sur terre.

(Conté par un vieux sonneur de biniou (Ar zoner coz), Dinéault, 1887.)

1. Cf. ci-dessus, t, I, p. 341.