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ner, en marchant, ce carillon mélancolique. Tout à Tentour de sa jupe sont superposées plusieurs rangées de clochettes, La première nuit, il n'y en a que jusqu'aux genoux ; la troisième nuit, il y en a jusqu'à la ceinture. La jupe entière en est garnie.

« — Que signifient ces clochettes, ma mère ?

« — Malheureuse ! Vous l'osez demander. Chaque larme que vous versez sur moi se change en une clochette, aussi lourde que plomb. Sans vous, je serais depuis longtemps en paradis. Mais comment y monterais-je, ayant un tel poids à porter ! Voyez, c'est à peine si je puis mettre un pied devant l'autre. Quand donc cesserez-vous de retarder ma béatitude éternelle ? Ce n'est pas sans raison que ces clochettes sonnent si tristement ma peine ! »

N'est-ce pas une étrange et poétique imagination que ces larmes transformées en clochettes sonnant un douloureux carillon d'angoisse ?

J'ai dit que cette légende était fort répandue. Elle a même fourni la matière d'une complainte qu'on, peut lire dans les Gwerzîou Breiz-Izel, 1. 1, p. 61.