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vées, on retarde leur salut ; si elles sont damnées, Teau des yeux qui les pleurent retombe sur elles en une pluie de feu qui redouble leur torture en renouvelant leurs regrets. »

Ainsi parla la morte.

Quand^ le lendemain, la jeune fille rapporta ces paroles au recteur, celui*-ci lui demanda :

— Avez-vous pleuré depuis, mon enfant ?

— Certes non, et dorénavant point ne le ferai.

— Retournez donc ce soir encore à l'église. Je pense que vous aurez lieu de vous réjouir...

La jeune fille se réjouit, en effet, car sa mère marchait en tête de la procession des âmes défuntes, la figure toute claire, toute rayonnante d'une félicité céleste*.

(Conté par M™« Hostiou. — Quimper', 1889.)

que ses amis la pleurent et parlent de sa bonté ; parce que ces regrets la tourmentent dans l'autre monde.

La même oroyance se trouve dans des contes écossais recueillis par Mac Innés {Folk and hero taies, p. 69, 452). On dit en Ecosse que les larmes blessent les morts (J. Frazer, Death and hnrial customs, The Folklore Journal, t. III, p. 281).

1. J'ai retrouvé cette légende dans la plupart des régions bretonnes que j'ai explorées. C'est certainement une des plus répandues. Le fond et les détails en sont presque partout les mêmes. Une variante recueillie à Port-Blanc mérite cependant une mention spéciale. Elle m'a été contée par Jeanne-Marie Bénard.

« Comme la jeune fille assiste, du fond du confessionnal, au défilé des âmes qui passent silencieusement l’une derrière l'autre, elle entend toutà coup un bruit de clochettes, de clochettes grêles au son triste. « Et elle voit venir sa mère. C'est elle, c'est la mère qui fait son-