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ment^ sur le chemin, une vieille qui paraissait venir de notre côlé. J'allai à elle, et je lui contai le cas de ma compagne.

— Vous êtes une personne d'âge, ajoutai-je ; vous devez avoir Texpérience de toutes choses. Donnez-nous, de grâce, un bon conseil.

La vieille se tourna aussitôt vers Marie Sigorel :

— Avez-vous dans votre poche, lui demanda-t-elle, l'offrande à faire au saint ?

— Oui, répondit Marie, j'ai les cinq sous qu'on m'a chargée de mettre dans le tronc.

— Eh bien ! glissez-les dans vos chaussures, sous la plante de vos pieds, et récitez une prière pour demander à Dieu d'accroître la béatitude du pauvre ange. Vous pourrez alors continuer votre chemin, sans encombre.

Nous souhaitâmes à la vieille mille bénédictions.

A partir de ce moment, Marie Sigorel chemina librement et notre pèlerinage s'accomplit le mieux du monde^

(Conté par Lise Bellec, couturière. — Port-Blanc.)

1. On lit dans la Vie de saint Goulven (Dom Lobineau, Vie des saints de Bretagne, 1725, p. 206) une légende analogue qu'il convient de rapporter ici.

Un homme, après avoir fait vœu, avec un de ses voisins^ d'aller en pèlerinage à Rome, dans un certain délai, avait engagé son voisin à différer, contre son gré ; et pendant ce retard, le voisin était mort. Saint Goulven ordonna au pénitent d'aller à Rome, et d'y porter le corps de son voisin cousu dans un sac de cuir. Ce qu'il exécuta. Mais il fut soulagé par le mérite de son obéissance,ou plutôt par le mérite de celui à qui il la rendait ; le poids devint si léger qu*il ne s'aperçut presque pas qu'il portât rieui