Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 2 1902.djvu/126

Cette page n’a pas encore été corrigée



Dès que les vivants ont disparu, les morts accourent, car le feu attire les morts, les morts qui ont toujours froid*, même dans les belles nuits tièdes du mois de juin : Ils sont heureux de pouvoir se chauffer à ce qui reste du tantad. Ils s'asseyent sur les pierres, sur les anaon qui ont été mis là à leur attention*. Et jusqu'au matin ils se chaufTent.

Le lendemain, les vivants viennent visiter l'emplacement du feu de la veille.

Celui dont X anaon a été retourné peut s'attendre à mourir dans Tannée.

cession le tour du Gnoc Aine, puis se répandent dans les champs cultivés en brandissant leurs torches improvisées. Ils espèrent ainsi se ménager de bonnes récoltes et de bons bestiaux pour Tannée suivante. Une fois, il arriva que l’un des voisins mourut et qu'on n*alluma point les c/iar. Cependant on vit cette nuit4à la colline étinceler de feux comme on n'en avait jamais vu. Les morts étaient venus prendre la place des vivants (D. Fitzgerald, Popular taies ofireland, Revue celtique, t. IV, p. 189).

1. Ar maro ién^ disent les Bas-Bretons, « la mort froide ».

2. « On en voyoit plusieurs qui mettoient des pierres auprès du feu que chaque famille a coustume d'allumer la veille de la festede saint Jean-Baptiste, afin que leurs pères et'leurs ancestres vinssent s'y chaufer à Taise (Vie de M. le NohletZj chez H. Gai-doz. Superstitions dp la Basse-Bretagne au xvii® siècle, Revue celtique, t. II, p. 485). Cet usage est signalé dans les Lettres morbihannaises par Ja comtesse de Morval, née Anatolie de Ker-guenec, Lycée armoricain, t. IV (1824), p. 455,

En Irlande, à Tlachtga, c'est dans la nuit du 31 octobre qu'on allume un grand feu (Rhys, The Hihhert Lectures, p. 515). 11 est fait mention du feu de Sambain et des pierres que Ton y met dans le Togail Bruidne Dd Derga, conte irlandais du haut moyen-âge (Revue celtique, t. XXII, p. 170).