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pas de le faire précéder d'une simple lanterne, comme cela avait lieu pour les paysans ; il y fallait tout un cortège de flamb eaux.

— Si vous ne voulez pas m'en croire, faites à votre gré, déclara mon grand'oncle qui ne discutait jamais. Et nos jeunes gens de se rendre à l'église, contre son avis.

La nef et les bas-côlés étaient complètement déserts. Mais, dans le chœur, que les cierges illuminaient d'une clarté blanche et vive comme celle de la jeune lune, se tenaient trois créatures humaines : un prêtre d'abord, deboiit sur la plus haute marche de Tautel auquel il tournait le dos, puis, à ses pieds, une vieille femme agenouillée, enveloppée d'une mante noire, comme en ont les groac'h an holen* ; et c'était bien une groac'h an holen, en effet, car elle présentait au prêtre un petit enfant étendu sur ses bras.

Patrice Penker et sa promise s'approchèrent, intrigués. Le prêtre ne les eût pas plus tôt aperçus qu'il joignit les mains et dit r

  • — Marteze 'zo tud diwar ar bed-man cap da veza paeron ha maeronez d !ar buguel-man ? (Peut-être y a-t-il des gens de ce monde capables de servir de par* rain et de marraine à l'enfant que voici).

En parlant de la sorte, il regardait fixement la pen« nhérès Jézéquel et son ami Patrice Penker. Eux ne savaient trop quelle contenance faire : ils eussent

1. Qroac'h an holen, mot à mot fée ou vieille au seh Oa appelle ainsi la matrone qui porte le nouveau'^né à Téglise, le jour du baptême^