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Un soir que Patrice Penker s^était oublié jusque proche la mi-nuit à faire des yeux d'amour à sa « douce », comme celle-ci, pour être quelques instants de plus en sa compagnie, le reconduisait à travers le fumier de Taire, ils furent tous deux témoins d'un spectacle qui les surprit : le porche de Saint-Gonval avait ses battants large ouverts et l'intérieur de Té-glise était illuminé comme pour une grand'messe de Jour de Pâques.

— Savoir qu'est-ce qui se passe ? se demandèrent-ils.

Et ils regagnèrent la maison, pour réveiller les vieux et leur dire la chose.

— Venez voir ! Ça vaut vraiment la peine*

Mis au courant de ce dont il s'agissait, OUivier Jé-zéquel hocha la tête :

—i Ce n'est pas la première fois que pareil fait se produit... Quand vous aurez mon âge et que vous aurez appris à connaître le train du monde, vous vous persuaderez qu'il y a beaucoup de cas où le meilleur est d'avoir des yeux pour ne point voir et des oreilles pour ne point entendre... Rentrez chez vous en paix, Patrice Penker, et vous, ma fille, faites votre signe de croix pour monter au lit.

— Yous dites bien, mon père, répliqua la pennhé-rès — qui souffrait du mal de curiosité, comme toutes les femmes> — mais si, cependant, c'était le sacrement d'Extrême-Onction qu'on s'apprête à porter en grande pompe chez quelque personne de qualité ?...

Il faut vous avertir qu'à cette époque, quand le « bon Dieu » allait chez un noble, on ne se contentait

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