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LXXXI Le baptême de minuit

En ce temps-là, Saint-Gonval, en Penvénan, aujourd'hui tombé au rang de pauvre chapelle, était encore église de paroisse. Mon grand-père maternel avait un de ses frères qui demeurait dans la ferme à côté. OUivier Jézéquel était son nom. C'était un homme prudent et sage, et qui avait su amasser du bien, quoique les temps d'alors fussent durs aux travailleurs de terre. Il est vrai que ce n'est pas à élever des enfants qu'il eût pu se ruiner, car il n'avait qu'une fille unique, une Pennhérès, comme on dit, laquelle allait sur ses vingt ans.

Justement, il venait de la fiancer à un fils de maison du voisinage, un nommé Patrice Penker. Et cela promettait, ma foi, de faire un ménage des mieux assortis.

Depuis que les bans avaient été publiés, le jeune homme venait tous les soirs, selon l'usage, rendre visite à sa future. Gens qui s'aiment ont mille balivernes à se conter. Les vieux étaient dûment couchés et endormis que la pennhérès et son galant devisaient encore, assis dans le foyer, de part et d'autre de la cendre. El, lorsqu'enfin ils se séparaient, ce n'était jamais que sur la dernière marche du seuil, à moins que ce ne fût à l'entrée de la cour^