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cheval à une barrière qui était là^ et pénétra dans la « maison du saint ».

Elle était pleine de monde. Et tout ce monde était d'un recueillement ! !... Pas même un de ces bruits de toux qui rompent à tout moment le silence dans les églises.

Le vieux s'agenouilla sur les dalles, à l'entrée du porche.

Le prêtre était à l'autel. Son acolyte allait et venait par le chœur.

Grand-père se dit :

— Au moins, je n'aurai pas manqué la messe de minuit.

Et il se mit à prier, selon Tusage, pour ceux de ses parents qu'il avait perdus.

Leprêtre cependant venait de se tourner vers l'as-sistance, comme pour la bénir. Grand-père remarqua qu'il avait les yeux étrangement brillants. Chose plus étrange, ces yeux semblaient l'avoir distingué, lui, Chatton, dans toute cette foule, et leur regard restait posé sur lui, fixement.

C'était au point que grand-père en éprouva une sorte de gêne.

Le prêtre, ayant pris une hostie dans le ciboire et la tenantentre ses doigts, demanda d'une voix sourde :

— Y a-t-il quelqu'un qui puisse recevoir ! Personne ne tépondit.

Par trois fois, le prêtre répéta sa question. Même silence parmi les fidèles. Alors, grand-père Chatton se leva. Il était indigné de voir tout ce monde demeurer comme indifférent à la parole d'un prêtre.