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fort comme un cheval. Samson lui-même n'aurait pu jouter avec lui. Le roi Marc'h s'enorgueillissait de sa force ; souvent aussi, il en abusait. C'était un terrible batailleur. Alalheur à qui faisait mine de lui résister I Quand il avait envie d'une chose, il ne se gênait pas pour la prendre, surtout quand cette chose était une belle fille qui lui plaisait. Il faut tout dire : le roi Marc*h avait aussi ses bons côtés. Par exemple, il distribuait volontiers Taumône. De plus, quoiqu'il ne fût pas dévot, il avait une vénération particulière pour sainte Marie du Ménez-Hom. On [prétend même que c'est lui qui fit construire la jolie chapelle qui est à mi-pente sur le versant de la montagne, et qui, depuis, est restée dédiée à cette sainte.

Quant il mourut (notez que c'est en pleine orgie qu'il trépassa), le bon Dieu parla de le damner : Maiê sainte Marie jeta les hauts cris, et plaida si bien la cause de son fidèle serviteur, que le bon Dieu se laissa fléchir.

— Soit, dit-il, ton roi Marc'h ne sera point damné. Mais son âme devra demeurer dans la tombe, jusqu'à ce que cette tombe soit assez haute pour que^ de son sommet, le roi Marc'h puisse voir le clocher de ta chapelle.

Le roi Marc'h, pour être plus près delà s^ainte^ son amie, avait ordonné qu'on l'enterrât au Ménez-Hom. On l'y avait enterré, en effet ; seulement, au lieu de creuser sa tombe dans le cimetière de la chapelle^ parmi les morts du commun, on avait jugé plus oon-^ venable de lui faire une sépulture à part, sur le versant opposé de la montagne^ en sorte qu'entre cette