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la lumière de la lune, briller leurs troncs argentés sous leurs feuillages immenses. Ils traversèrent enfin le courlil.

— Frou...ou...ou !... Frou.,.ou...ou ! gémissaient leurs vastes ramures.

L'homme, sous ses draps, claquait desdents. Jamais il ne se fût imaginé que deux arbres pussent ainsi, à eux seuls, faire tout le murmure d'une forêt. Leur bruit, maintenant, était autour de lui» au-dessus de lui, partout.

— Ils vont renverser la maison, se disait-il.

Il entendait le frôlement des grosses branches contre les murs et sur le chaume du toit. Par trois fois, les deux hêtres firent le tour du logis, sans doute cherchant la porte. Brusquement, elle s'ouvrit. L'homme se cacha la tête dans les mains pour ne point voir ce qui allait suivre. Mais, au bout de trois ou quatre minutes, ne percevant aucun remue-ménage, il s'enhardit à regarder par les trous des volets. El voici ce qu'il vit : son père et sa mère étaient assis sur les escabelles de bois, de chaque côté du foyer, non plus sous leur forme d'arbres, mais tels qu'ils étaient de leur vivant. Et ils devisaient entre eux, à voix basse. La vieille avait relevé sa jupe de futaine rousse pour se chauffer le devant des jambes, et le vieux lui demandait :

—- Sens-tu un peu la chaleur ?

— Oui, répondait-elle. Notre fils a eu la précaution de jeter dans le feu une nouvelle brassée de copeaux.

L'homme, alors, réveilla doucement sa femme4

— Regardez.