Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/69

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

part dont les dialectes m’étaient moins familiers. Des autres régions armoricaines, Goélo, Trégor, Léon, Haute et Basse Cornouailles, il n’y en a pas une où je n’aie promené mes recherches. Et, si je ne le laisse point ignorer, c’est sans doute pour que l’on soit renseigné sur la provenance multiple de ces légendes, mais c’est aussi parce que j’ai conservé de ces pérégrinations un souvenir dont le temps n’a point affaibli la douceur. Je revois les scènes et les visages : c’est tantôt un intérieur de sabotiers, dans l’Argoat, avec l’âtre primitif au centre de la hutte et, dans le trou du toit, un pan de ciel nocturne où les astres brillaient  ; — tantôt la chambre de veille, au phare de l’île de Sein, le gardien de service assis à son banc de quart et les réflecteurs de la lanterne balayant de leurs feux paisibles la mer démontée  ; — tantôt la misérable auberge de Corn-Cam, perdue dans les funèbres solitudes du Ménez-Mikêl, gîte précaire de rouliers en détresse qui, faute de lits, s’allongeaient sur le sol de terre battue pour dormir  ; — tantôt... Mais je n’en finirais pas d’évoquer les hospitalités peu banales qu’il me fut souvent donné de connaître. D’aucune d’elles je ne m’en allais les mains vides. Que les humbles qui m’y firent accueil trouvent ici l’expression de ma gratitude ! Nombre d’entre eux savent maintenant de science certaine ce qu’il y a de vrai dans ces fictions de la mort dont nous devisâmes ensemble, dans nos rencontres passées.