Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

victimes analogues à celles des sidhe, que des sortilèges magiques retiendraient captifs au fond des eaux. Les deux conceptions se mêlent et se pénètrent si étroitement qu’il est bien difficile de les débrouiller.

En Bretagne comme en Irlande, la confusion s’est produite de bonne heure entre les personnages purement fantastiques et les fantômes. C’est ainsi que les formes redoutables, primitivement engendrées par la peur des ténèbres, sont, à la longue, devenues des morts. Les Kannerezed-noz (lavandières de nuit) qui, d’abord ont dû être des fées des eaux, passent aujourd’hui pour tordre le linge des morts, sur la berge des étangs ou la margelle des fontaines, au creux des vallons déserts. Le hopper-noz (crieur de nuit), le buguel-noz (enfant ou pâtre de la nuit) et, de façon générale, tous les Esprits de l’ombre, à mesure que s’obscurcissait dans la croyance populaire la notion de leur caractère antérieur, ont été rangés de même parmi les revenants. A titre de revenants anonymes, toutefois, et sans autres attributions définies que d’être de mystérieux semeurs d’épouvante. Par là peut-être restent-ils vaguement distincts des morts proprement dits.

Ces derniers continuent, en effet, pour la plupart, de faire dans l’autre monde ce qu’ils faisaient dans celui-ci. Et, de tous les rapprochements qui s’imposent entre la légende bretonne et l’ancienne