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An Maro, an Barn, an Ifern ien
Pa ho soing den e tle crena.
Fol eo na preder e speret
Guelet ez-eo ret deceda.


[La Mort, le Jugement, l’Enfer froid, — quand l’homme y songe, il doit trembler. — Fol est à coup sûr son esprit, — s’il ne voit qu’il faut décéder.]

Les motifs sculpturaux qui décorent ces édifices sont naturellement en harmonie avec leur destination. Ce sont des os en croix, des têtes de morts  ; c’est quelquefois un ange élevant dans ses bras un petit personnage nu qui symbolise une âme ; quelquefois un cadavre essayant avec effort de secouer les plis de son linceul et de se dégager de la tombe  ; c’est surtout la figuration de la Mort elle-même, sous les traits d’un squelette armé de la lance qui lui est également donnée pour attribut dans les drames comiques et les mystères bretons. Son nom, dans le langage populaire, est l’Ankou (le Trépas). Certains de ces Ankou de pierre ou de bois ont une célébrité régionale : il y a l’Ankou de Bulat, celui de Ploumilliau, celui de Cléden-Poher, celui de la Roche-Maurice, celui de Landivisiau, — et j’en passe. L’Ankou de Ploumilliau a longtemps trôné au-dessus de l’autel des morts, dans l’église même, et, de toutes les paroisses d’alentour, les gens le venaient prier, quelques-uns en lui apportant des offrandes. Sur le tailloir de granit