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L'imprudence du jeune prêtre

Un soir, un jeune prêtre, encore novice en ces matières, se chargea imprudemment d'aller dire Yoferndrantel à Ménez-Bré.

Il eut le malheur de se troubler.

Les diables aussitôt se ruèrent sur lui.

Par un hasard providentiel, Tadik-Coz1 était encore en oraison, dans son presbytère de Bégard, à deux lieues de Bré. Ayant entendu quelque bruit du côté de la montagne, il prêta l'oreille :

— Ho ! Ho ! se dit-il, il y a du grabuge là-haut! Vite, il sella son bidet de Cornouaille qui allait

comme le vent.

Quand il arriva à la chapelle, les diables emportaient déjà le jeune prêtre dans leurs griffes, par une brèche qu'ils avaient ouverte dans le pignon.

Tadik-Coz put cependant saisir par une jambe son pauvre confrère. Les diables n'essayèrent pas de lutter contre lui. Ils avaient trop appris à le craindre. Sa vue seule les mit en fuite. Ils disparurent avec des cris de rage. Le jeune prêtre fut sauvé. Tadik-Coz se contenta de le sermonner de sa bonne voix tranquille.

— Mon enfant, lui dit-il, pour faire ce que nous faisons, nous, les vieux, attendez que vous ayez notre expérience. Que cette leçon vous soit profitable ! (Conté sur le Ménez-Bré, parRénéan AuQ.ret, de Pédernek, d889.)

1. Voir ci-dessous, ch. xx.