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L'homme qui possède un agrippa ne peut plus s'en défaire sans le secours du prêtre, et seulement à l'article de la mort.

Primitivement, il n'y avait que les prêtres à posséder des agrippas. Chacun d'eux a le sien. Le lendemain de leur ordination, ils le trouvent à leur réveil sur leur table de nuit, sans qu'ils sachent d'où il leur vient et qui le leur a apporté.

Pendant la grande Révolution, beaucoup d'ecclésiastiques émigrèrent. Quelques-uns de leurs agrippas tombèrent entre les mains de simples clercs qui, durant leur passage aux écoles, avaient appris l'art de s'en servir. Ceux-ci les transmirent à leurs descendants. Ainsi s'explique la présence dans certaines fermes du « livre étrange ».

Le clergé sait combien il a été détourné à'agrippas, et quels sont les profanes qui les détiennent.

Un ancien recteur de Penvénan disait :

— Il y a dans ma paroisse deux agrippas qui ne sont pas où ils devraient être.

Le prêtre ne fait mine de rien, tant que le détenteur est en vie ; mais lorsque, aux approches de la mort, il est appelé à son chevet, après avoir entendu la confession du moribond, il lui parle en ces termes :

— Jean ou Pierre, ou Jacques, vous aurez un poids bien lourd à porter par delà le tombeau, si vous ne vous en êtes débarrassé dans ce monde.

Le moribond demande avec étonnement :