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Histoire d'un fossoyeur*

Le fossoyeur de Penvénan élait en ce temps-là Poëzevara le Vieux. On ne l'appelait guère que Poazcoz. Si vieux qu'il fût, et, quoiqu'il eût « labouré par six fois toute l'étendue du cimetière », c'est-à-dire quoiqu'il eut couché successivement dans le même trou jusqu'à six morts, c'était un homme qui pouvait vous dire, à un jour près, depuis combien de temps tel ou tel était en terre, et même à quel degré de

1. Le folklore des fossoyeurs est assez riche en Ecosse, en Irlande et en Cornwall. En voici quelques extraits :

Celui qui comble le premier une fosse (ou un de ses proches parents) ne tarde pas à mourir (Mac Phail, Folklore from the Hebrides, Folklore, t. VII, p. 403). On ne creuse pas de fosse le lundi  ; le même fossoyeur qui a commencé à cr.euser une fosse doit la terminer (Haddon, A batch of Irish folklore, Folklore, t. IV, p. 358).

En Cornwall, avant de creuser une nouvelle fosse, le fossoyeur va sonner trois coups à la cloche de l'église (M. A. Courtney, The Folklore Journal, t. V, p. 218).

Il est malchanceux d'être enterré le premier dans un cimetière (J.-G. Frazer, Death and burial customs, Scotland, The Folklore Journal, t. III, p. 281), et les gens ont une grande répugnance pour quitter un vieux cimetière et en inaugurer un nouveau (W. Gregor, Notes on the folklore of the North-East of Scotland, p. 215).