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vint conjurer le mort, en l'aspergeant d'eau bénite.

Mais le beau capitaine n'était probablement pas chrétien, car il ne se laissa pas conjurer.

— Il redemande son alliance! répéta la femme qui avait parlé la première fois.

Maintenant, chacun pensait comme elle. Mais où la trouver, cette alliance, où latrouver, pour la rendre ? L'enfant de chœur, agenouillé dans le sable, dit :

— Ce doigt-là a élé ressoudé par la puissance de Dieu ou du diable, aprèsavoir été coupé avec des dents. Et, certes, ces dents-là étaient aiguisées et fines.

Il n'avait pas achevé, que, par la route goémonneuse qui mène de la mer aux maisons de Buguélès, apparaissait Môna Paranthoën, la couturière. Du moins, les ménagères la reconnurent à sa robe de double-chaîne et à l'élégance fraîche de son tablier. Car de son visage on ne voyait rien, tellement il était entortillé de linges et de châles. Sur son corps si souple, elle avait l'air de porter une tête monstrueuse.

Elleavançait lentement, exhalant uneplainte sourde à chaque pas qu'elle faisait.

Lorsqu'elle fut arrivée au groupe, elle pria, du geste, qu'on la laissât passer.

Entre le pouce et l'index, elle tenait une grosse bague d'or... Vous devinez le reste!

Les hommes voulurent faire un mauvais parti à Môna Paranthoën. Mais elle écarta les linges qui couvraient sa figure et leur montra sa bouche vide de dents, pleine de pus. On se contenta de la fuir, comme une pestiférée.

Je