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droit de le priver du baptême, tes os et les siens, Jozon du Guern, seraient déjà dispersés parmi les nôtres.

Le lendemain, le jeune homme assista, en qualité de parrain, le nouveau-né de Gaud Keraudrenn sur les fonts baptismaux de Servel. Mais, rentré chez lui, il ne fit que dépérir. La mort l'avait regardé de trop près. Il ne passa pas l'année1.

(Conté par Pierre Simon. — Penvénan, 1889.) La partie du cimetière réservée aux suicidés', aux

1. Dans ses traits essentiels, l'histoire est vraie ; c'est une histoire d'ivrogne  ; un garçon pris de boisson rapporta chez lui une tète de mort qu'il avait enlevée d'un charnier : dégrisé, il fut saisi de terreur, et demanda conseil au recteur qui lui indiqua pour se tirer d'affaire le moyen que rapporte la légende. La chose s'est passée vers 1860. Mais il convient d'ajouter que c'est là un thème légendaire fort répandu en Bretagne. J'ai recueilli des récits analogues à Elliant, d'autres à Plougastel. Les événements réels ne servent jamais que d'occasion à l'apparition de légendes déjà toutes prêtes à éclore.

2. En Ecosse, il y a de nombreuses croyances relatives aux suicidés. On dit en Écosse que le corps d'un suicidé ne s'enfonce pas dans l'eau (W. Gregor, Notes on the folklore of the North-Fast of Scotland, p. 208). Le suicidé est enterré à part et chaque passant jette une pierre sur sa tombe  ; rien ne pousse sur une telle tombe ; si une femme enceinte marchait dessus, l'enfant qu'elle porte mourrait (ibid., p. 215). La tombe d'un suicidé doit être située hors de la vue de la mer et de la terre cultivée (An ancient Highland superstition, The Folklore Journal, t. V, p. 160). Si elle était en vue de la mer, on ne pourrait attraper aucun hareng (J. G. Campbell, Superstitions of the Highlands and islands