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de Pommerit, d'où elle est venue. Tu l'y déposeras au coup de minuit. Seulement tu auras soin de te faire accompagner d'un enfant non baptisé encore \ Gaud Keraudrenn, du hameau voisin, est précisément accouchée la nuit dernière. Rends-toi d'abord chez elle, et prie-la de ma part qu'elle te confieson nouveauné. Dieu te donne la grâce de réparer ta faute!

Le soir du même jour, Jozon du Guern repartait pour Pommerit, une tête de mort dans une main, un nouveau-né sur l'autre bras.

Par exemple, il ne fredonnait plus :

— Petite coiffe de toile fine...

Comme on dit, il n'en menait pas large. Il marchait vite, néanmoins, et, à minuit sonnant, il réintégrait la tête de mort dans le charnier d'où elle était venue.

Sur son bras, le tout petit enfant gémissait, à cause de la fraîcheur, bien qu'il s'efforçât de le bien abriter avec le pan de sa veste.

— Ahl crièrent en chœur tous les ossements du charnier, tu as eu une fière idée de te faire accompagner de cet enfant! sinon que nous n'avons pas le

1. Sur les pouvoirs mystérieux des enfants non-baptisés qui ont passé en terre bénite, voir ch. i, p. 2.

Dans une histoire de lavandières de nuits racontée par Sauvé (Annuaire des traditions populaires, t. III, p. 16-18), la femme à qui une des lavandières demande de l'aider, lui répond qu'elle a les bras engourdis et qu'elle vient d'un baptême. Alors la lavandière lui dit que si elle n'avait pas porté à l'église un innocent, ce qui lui enlevait tout pouvoir sur elle, elle l'aurait si bien « tordue, détordue, retordue, que jamais débrouilleur d'écheveaux n'aurait été capable de débrouiller ce que j'aurais fait de toi ».