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causant avec les fantômes de ses anciens maîtres, apprend de leur bouche que les sidhe viennent de s’emparer d’un jeune homme pleuré comme mort[1]. Enfin, là où les deux catégories d’êtres ne sont pas entièrement confondues — et où ne s’est pas implantée l’idée chrétienne que les fées sont des démons[2] — ces dernières passent pour la descendance des Tûatha Dê Danann[3] qui, dans ces traditions plus récentes, sont authentiquement conçus comme des ancêtres morts, et non plus comme un peuple surnaturel.

Ainsi la légende transmise par la voie orale supplée dans une large mesure aux silences de l’épopée savante. Ce que les filé[4] des premiers siècles ne nous disent pas ou qu’ils nous laissent à peine soupçonner, les conteurs des âges plus rapprochés nous l’enseignent. Quelle que soit, au surplus, l’opinion que l’on adopte sur ce point spécial, il n’en reste pas moins que la conscience irlandaise fut toujours hantée, comme toute l’âme celtique, par l’impérieuse image d’un autre monde. Et ce qui le montre peut-être avec plus


1. J.-F. Campbell, Tales of the Highlands, t. II, p. 66.

2. Haddori, A batch of Irish folklore, Folklore, t. IV, p. 352, cf. p. 117 ; Curtin, Tales of the fairies, p. 42  ; Cr. Croker, Fairy legends, éd. Wright, p. 36.

3. Kennedy, The fireside stories of Ireland, p. 131.

4. Les filé, dans l’ancienne Irlande, constituaient une classe importante de poètes et de conteurs.

  1. J.-F. Campbell, Tales of the Highlands, t. II, p. 66.
  2. Haddori, A batch of Irish folklore, Folklore, t. IV, p. 352, cf. p. 117 ; Curtin, Tales of the fairies, p. 42  ; Cr. Croker, Fairy legends, éd. Wright, p. 36.
  3. Kennedy, The fireside stories of Ireland, p. 131.
  4. Les filé, dans l’ancienne Irlande, constituaient une classe importante de poètes et de conteurs.