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Mais une voix lui répondit, qui la fit se sauver au plus vite :

— Allez en votre chemin et attendez d'être ici pour vous mêler de ce qui s'y passe.

(Catherine Carvennec. — Port-Blanc, 1902.)

Les Charniers

Autrefois, il y avait des charniers dans tous les cimetières bretons. Il en reste encore quelques-uns, mais dont on ne prend plus soin1. On y laisse les « reliques » (ar relegou) moisir en tas, pêle-mêle. Il y a seulement une trentaine d'années, les choses n'allaient pas de la sorte. En ce temps-là, quand on exhumait un squelette, on rangeait les os les uns sur les autres, en bon ordre, et l'on plaçait la tête dans une boîte à laquelle on donnait tantôt la forme d'un cercueil, tantôt celle d'une chapelle. Les murs des charniers étaient garnis de ces petites boîtes, peintes de diverses couleurs, en noir, si le défunt était d'âge mûr  ; en blanc, si c'était un enfant ; en bleu, si c'était une jeune fille. Sur chacune se lisait l'inscription funéraire : Ci-gît le chef de ... suivie du nom du trépassé'.

Le soir de la Toussaint, après les « vêpres de l'Anaon », avait lieu la « procession du charnier ». Par

1. Les charniers sont cependant encore très soigneusement entretenus dans le pays de Goëlo.

2. Cf. la relation d'une promenade archéologique faite en Bretagne en septembre 1850 par MM. de Caumont, de Soultrait et G. Bouet {Bulletin monumental, vol. 16 (1850), p. 433).