Le mort qu'on vient d'enterrer n'a pas encore commencé sa première nuit dans le cimetière, que le dernier mort enterré avant lui s'approche de sa tombe et lui dit :
— Lève-toi. C'est à toi de prendre la garde.
Et il faut qu'il se lève et qu'il prenne la garde auprès de la porte du cimetière, pour veiller sur ceux qui y dorment, jusqu'à ce qu'il y ait dans la paroisse un nouveau décédé qui le remplace, car c'est toujours le dernier venu qui remplit cette fonction1. (Lauric Laur. — Penvénan, 1896.)
l.En Irlande, il y a une croyance analogue. La dernière personne enterrée ne repose pas et doit garder les autres ; aussi quand deux personnes sont mortes en même temps, les parents des deux défunts rivalisent de célérité pour les faire enterrer. A Renvyle, pendant que l'on creuse la tombe, les hommes présents fument, et laissent du tabac et des pipes pour l'âme qui garde les autres tombes (Haddon, A batch of lrish folklore, Folklore, t. IV, p. 363). A Salruck, on conserve les pipes dans des boites placées sur les tombes (Folklore, t. XII, p. 104, 259). A Kilmurry, le dernier mort qui entre dans le cimetière a pour mission de tirer de l'eau pour humecter les lèvres des âmes du purgatoire ; lorsque deux convois se présentent en même temps à la porte du cimetière, les deux cortèges se livrent bataille et le parti vainqueur entre le premier (K. L. Pyne, A burial superstition in county Cork, Folklore, t. VIII, p. 180). Dans le cimetière de Kilranelagh, il y a un puits et dans le mur au-dessus de ce puits une sorte de retrait où sont logées des coupes en bois. Ces coupes sont fournies par tous ceux qui enterrent dans le cimetière un enfant au-dessous de cinq ans. L'âme du dernier mort enterré doit donner une coupe d'eau à chacun de ses prédécesseurs et garder l'enclos sacré jusqu'à l'arrivée
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