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donc ça, que j'ai trouvé votre mère tisonnant la cendre d'un air si préoccupé. Elle n'a même pas eu le cœur de compter l'argent que je lui apportais pour le prix du veau. Les deux Lharidon le regardaient, hébétés.

— Notre mère, dites-vous?... Vous avez parlé à notre mère?

— Certes. Qu'est-ce qu'il y a là de si extraordinaire, que vous me dévisagez avec cette mine ?

— Mais, c'est elle que nous venons d'enterrer!

Ce fut au tour du boucher d'écarquiller les yeux.

— Je l'ai pourtant vue comme je vous vois, affirmat-il.

La servante des Lharidon, qui était avec eux, leur dit alors :

— Je vous'avais avertis... Il ne fallait pas laisser la maison seule... Maintenant la morte ne la quittera qu'au coucher du soleil1.

Les Lharidon et leur suite attendirent cette heurelà pour rentrer chez eux. Quand ils pénétrèrent dans la cuisine, la morte en était partie, mais l'argent du boucher était bien sur la table et la fourche à prendre l'ajonc était couchée en travers de la cendre sur la pierre du foyer.

(Conté par Joseph Mahé. — Quimper.)

1. En Ecosse, il y a une croyance comparable à celle-là. Il faut, dit-on, aussitôt le cercueil enlevé, retourner les chaises sur lesquelles il était placé et les laisser là jusqu'au coucher du soleil ou jusqu'au retour de l'enterrement ; sinon, l'esprit du mort reviendrait. (W. Gregor, Notes on the folklore ofthe North-East of Scotland, p. 212.)

Les cimetières*

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