Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/344

Cette page n’a pas encore été corrigée

La maison seule

Il ne faut jamais laisser la maison seule pendant l'enterrement, sinon le mort dont on croit accompagner la dépouille au cimetière reste la garder.

Un boucher de Gouesnac'h devait le prix d'un veau à des fermiers de Clohars. Un samedi matin, passant à peu de dislance de la ferme, il se dit :

— Tiens, je vais faire un détour et régler la vieille Lharidon.

NaïcLharidon était le nom de la bonne femme qui tenait la ferme avec ses deux fils.

Le voilà donc de prendre le chemin qui menait chez elle. En entrant dans la cour, il fut assez surpris de n'apercevoir personne nulle part. « Est-ce qu'ils seraient tous aux champs  ? » pensa-t-il. La porte même de la maison était fermée, contre l'habitude. Il se risqua néanmoins à soulever le loquet : le baltant tourna sur ses gonds, et il se trouva dans la cuisine. Elle lui parut aussi déserte et silencieuse que le dehors.

— Holà! cria-t-il, on est donc tous morts ici?

— Ma foi, c'est à peu près comme vous dites, lui répondit une voix cassée qu'il reconnut pour être celle de la vieille Lharidon.