Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/330

Cette page n’a pas encore été corrigée


plus loin, dans une prairie. Un vieil if se fendit de la cime aux racines.

Les gens qui veillaient devisèrent entre eux, longuement, de toutes ces choses.

On savait trop bien que Le Grand n'avait pas vécu exempt de reproche. Il avait toujours eu la réputation d'être dur pour les siens, impitoyable envers le pauvre monde.

Tout à coup, veilleurs et veilleuses se turent.

La porte venait de s'ouvrir, toute grande. On s'attendait à voir paraître quelqu'un... Mais il n'entra que du vent.

— Va vite fermer cette porte ! dit une femme à l'un des domestiques.

L'homme se leva, ferma l'huis, et revint prendre sa place au foyer. Mais il ne s'était pas rassis sur son escabelle, que la porte était de nouveau toute grande ouverte.

— Quel maladroit ! s'écria-t-on. On voit bien qu'il n'a jamais été à Paris1.

— Je vous jure que je l'avais fermée, dit l'homme. Et il alla la fermer encore, en ayant soin, cette fois,

de la pousser avec force, pour la bien assujettir dans son cadre.

— Là! maintenant, si elle se rouvre, vous ne direz pas que c'est ma faute, grogna-t-il, en regagnant l'âtre.

— Ou tu n'es qu'une ganache, ou cette porte est

1. Au dire des Bretons, il faut aller à Paris pour apprendre à fermer les portes derrière soi.