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il serait sans force, dans l'autre monde, pour atteindre le terme qui lui est assigné.

(Communiqué par Mm« Le Bras. — Quéménéven.)

Quand il y a une veillée de mort dans le pays de Rosporden, l'heure venue de faire le repas de minuit, on sert aux personnes qui veillent du pain et du miel. L'odeur du miel est, dit-on, particulièrement douce à Yanaon1. Souvent on voit une petite mouche, pas du tout semblable à celle de nos climats, sortir des lèvres entr'ouvertes du cadavre et venir se poser sur le bord du vase où le miel est contenu. Les gens croient que c'est l'âme du mort qui fait sa provision de nourriture, avant de se mettre en route pour le lieu qui lui est

chambre où était le corps, du pain et de l'eau. Le mort revient en prendre sa part. Si l'on oubliait de prendre cette précaution, le mort ne pourrait reposer dans l'autre monde (Gregor, Notes on the folklore of the North-East of Scotland, p. 21). En Irlande, on a coutume pendant les nuits qui suivent une mort de mettre à l'extérieur de la maison de la nourriture, gâteau grillé ou pommes de terre ; les esprits viennent les manger (lady Wilde, Ancient legends, p. 118). On fait la même chose le soir qui précède le 1er novembre (ibid., p. 140). V. ci-après ch. xiv. On enferme quelquefois dans le cercueil des noix que le mort mangera, croiton (Curtin, Taies of the fairies, p. 54).

Ces noix sont vraisemblablement les noix des fées du recueil de traditions irlandaises intitulé le Dinnsenchus (Folklore, t. III, p. 506, § 43). On doit leur comparer les noisettes de sagesse et de poésie du même recueil (Revue celtique, t. XV, p. 45").

1. Cf. E. Souvestre, Le Finistère en 1836, p. 133.

assigné.