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que le cadavre n'a pas quitté la maison mortuaire, il ne faut ni balayer le parquet, ni épousseter les meubles, ni jeter dehors aucune poussière ou balayure1, de crainte d'expulser aussi l'âme du mort et d'attirer sur soi ses vengeances.

En revanche, il faut avoir soin de vider ou tout au moins de couvrir tout vase contenant un liquide (le lait excepté), afin que l'âme ne risque pas de s'y noyer *.

1. Cf. Le Calvez, La mort en Basse-Bretagne (Revue des traditions populaires, t. III, p. 46).

2. « On en voyoit plusieurs qui avoient grand soin de vuider toute l'eau qui se trouvoit dans une maison, quand quelqu'un y estoit décédé de peur que l'âme du défunt ne s'y noyât » ( Vie de M. le Noblelz, 1666, chez H. Gaidoz, Superstitions de la BasseBretagne, au xviie siècle, Revue celtique, t. II, p. 485). Cf. Verusmor, Voyage en Basse-Bretagne, p. 342.

Chez 0. Perrin et A. Bouet (Galerie bretonne, p. 156), c'est la coutume contraire qui est mentionnée. On a soin de tenir tous les vases remplis d'eau, pour que l'âme ne cherche pas à se purifier dans le lait qu'elle pourrait corrompre. Puis, quand on pense que l'âme s'est purifiée, on jette et on remplace toute l'eau de la maison. En Écosse, on verse sur le sol tout le lait qu'il y a dans la maison  ; on met du fer dans toutes les victuailles pour éviter qu'elles se corrompent ; quelquefois on jette dehors tous les oignons et le beurre (W. Gregor, Notes on Ihe folklore of the IV.orthEast of Scotland, p. 207). En Bretagne, quand une personne mourait du cancer, on mettait sur la table une moche de beurre ; le cancer allait dans le beurre et on enterrait la moche une heure après la mort (Le Calvez, Revue des traditions populaires, t, VII, P. 91).