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te guetter ici, pour l'avertir qu'il faut que tu recommences incontinent ta besogne.

— Vous n'étiez donc pas bien, tel que je vous avais mis ?

— Non, tu as replié mon bras gauche sous mon corps : je ne peux pas m'en aller dans cette posture.

Ce disant, il disparut. Le bedeau rebroussa chemin aussitôt, rentra dans la maison mortuaire et, au grand scandale de la famille, rouvrit le cercueil. Ce que Lasbleiz avait dit était vrai : le bras gauche était replié sous le corps. Le bedeau remit les choses en ordre et se dirigea de nouveau vers le bourg. Comme il passait devant la barrière, il vit que le défunt était encore là, mais debout, cette fois, et la tête haute.

— Aurais-je commis quelque autre manquement ? se demanda le bedeau.

Mais non : le mort se contenta de lui faire un signe de la main, comme pour prendre congé.

— Dieu vous donne ses joies ! dit le bedeau, en se découvrant.

Et ce fut tout.

(Conté par Coudray. — Coray.)

il y a dans chaque paroisse quelqu'un qui a la spécialité de faire la barbe aux morts. A Penvénan, c'était, autrefois, le vieux Flem (Ar Flem coz). Il savait, dit-on, d'après le bruit que faisait le poil sous le rasoir, si le trépassé était ou n'était pas en état de grâce pour paraître dans l'autre monde.

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