Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/304

Cette page n’a pas encore été corrigée

en deux planches horizontales entre lesquelles on plaçait le cadavre et que l'on fixait à l'aide de six bâtonnets, trois sur chaque côté, les deux premiers prenant le cou, deux autres maintenant les bras collés le long des hanches, les deux derniers enserrant les jambes à la hauteur des chevilles. Des trous de tarière étaient percés dans les deux planches pour recevoir ces bâtonnets qui y étaient assujettis avec des coins, comme cela se fait pour les bâtons des claies qui ferment les brèches des champs. Rien de plus simple, on le voit, ni non plus de plus grossier.

Pour les tout jeunes enfants, j'ai ouï dire à mon grand-oncle que, de son temps — c'est-à-dire quelques années avant la Révolution — le procédé était encore plus rudimentaire. On découpait deux moitiés de vieilles écorces d'arbre, on couchait le petit mort dans le creux de l'une, on rabattait sur lui la seconde, comme un couvercle de berceau, et l'on amarrait le tout avec un lien de genêt tordu (eun éré bâlan) 1.

(Communiqué par mon père N.-M. Le Braz. — Tréguier, 1898.)

1. Je relève à ce propos dans les Archives du Parlement de Bretagne (25 septembre 1724. Reg. 343, f» 15 et 16) l'arrêt suivant :

« Le Procureur général remontre que... les Païsans, pour enterrer les enfants, enlèvent des écorces d'arbres pour leur servir de bières, ce qui fait périr les arbres, et requiert...

« La Cour fait défense à toutes personnes d'enlever ou faire enlever les écorces des arbres et surtout ceux des châtaigners pour servir de bières aux enfants, et à tous recteurs, curés et XL1II