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en plaisirs sans fin. Bref, il réunit, semble-t-il, toutes les conditions d’une terre élyséenne. Faut-il en conclure qu’il répondait, dans la pensée des file, à l' orbis alius de Lucain, à la Bretagne insulaire de Procope  ? Le doute est peut-être permis.

Les habitants de ce séjour de délices nous sont, en effet, présentés le plus souvent, non comme des morts, mais comme des êtres d’une nature à part, supérieure à l’humanité. On les désigne par le nom de sidhe qui veut dire « fées ». Ils logent dans des palais somptueux, où se voient jusqu’à cent cinquante lits, ornés de colonnes bien dorées, avec des cuves d’hydromel qui ne tarissent jamais[1]. Leurs occupations habituelles sont les festins et la guerre. Il n’est pas rare qu’ils y convient les simples mortels. Car, visibles ou invisibles à leur gré, volontiers ils fréquentent ce monde  ; leurs chars enchantés volent à la surface des eaux. Mais ce sont surtout les filles de Mag Mell qui viennent quérir fortune d’amour aux rivages de l’Irlande. Elles ne ressemblent point aux femmes de ce pays  ; quand elles sortent, elles laissent flotter leur chevelure blonde ; leurs poitrines aux belles formes sont couvertes d’or ; elles possèdent des attraits sans nombre : un charme est dans leurs paroles qui blesse infailliblement au cœur. Elles savent


1. Voir l’index de L’épopée celtique en Irlande, et surtout les pages 199-200.

  1. Voir l’index de L’épopée celtique en Irlande, et surtout les pages 199-200.