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ture à une voisine et la pria de l'accompagner le lendemain au pont de Trohir. Malheureusement, ailes se mirent en route un peu trop tard, et les douze coups sonnaient à Penhars qu'elles étaient encore à deux cents pas du pont. Lorsqu'enfin elles y parvinrent, elles regardèrent vainement de tous côtés : il n'y avait personne.

— Que faire ? demanda la femme Tanguy, très peinée d'avoir manqué de parole à la morte.

— Ma foi, à votre place, je commanderais une messe à son intention : du moins lui aurez-vous prouvé ainsi votre bonne volonté, dit la voisine.

Anna Tanguy se rendit donc chez le recteur de Penhars, dès qu'il fit jour, et lui remit le prix d'une messe à laquelle elle assista bien dévotement. Le soir même, comme elle était pour se coucher, elle s'entendit appeler trois fois par son nom. Elle ne se retourna point. Alors une voix qu'elle reconnut pour celle de la femme sans tète cria du dehors :

— Où voulez-vous que je pose ceci ?

— Sur la pierre du seuil', répondit à tout hasard Anna Tanguy.

— Dieu vous bénisse 1 reprit la voix. Vous m'avez soulagée de mon fardeau.

Et, par le cadre de la fenêtre, Anna Tanguy vit une grande lumière* qui, peu à peu, se perdait au loin dans la nuit. C'est son bon ange, sans doute, qui lui avait inspiré la réponse qu'elle avait faite. Car ce que