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XL

Le secret de la morte

La femme Tanguy, de Penhars, ramassait du bois mort dans la forêt de Quistinic. Soudain, comme elle passait auprès d'un châtaignier très vieux et très rongé, elle vit, debout dans le creux de l'arbre, la forme d'une femme sans tête*. Malgré son épouvante, elle eut la présence d'esprit de lui demander :

— Est-ce de la part de Dieu ou de la part du diable que vous êtes là ?

— De la part de Dieu, répondit l'étrange personnage.

— Que puis-je pour votre service ?

— Je suis ici pour ma pénitence jusqu'à ce qu'une âme charitable m'ait délivrée d'un secret. Voulez-vous être celle-là ?

— Parlez : je vous écoute.

— Non, ce n'est ni l'heure, ni le lieu. Mais trouvez-vous demain, à minuit sonnant, sur le pont de Trohir. Là, je parlerai.

— C'est bien. Je serai au rendez-vous.

De retour chez elle, Anna Tanguy raconta l'aven

1. Dans un conte irlandais (Curtin, Tales of the fairies, p. 141), un paysan voyageant la nuit aperçoit un homme sans tête qu'un fantôme poursuit.