Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/283

Cette page n’a pas encore été corrigée

ne fut pas sa frayeur, lorsque, sur le talus commun aux deux propriétés, il vit François Quenquis en personne qui se faufilait entre les arbres, faisait une petite pause auprès de chacun d'eux et les examinait à tour de rôle, d'un air préoccupé !...

— Ceci est singulier, se dit Jean-René Brélivet en esquissant un signe de croix.

Dans le chemin, non loin de là, on entendait le chant des prêtres. Preuve que l'enterrement était en marche. Et cependant, il n'y avait pas de doute possible : c'était bien le mort que le ramasseur de chanvre avait devant les yeux. A quel manège se livrait-il donc de la sorte ?

— Tiens ! il paraît qu'il a découvert ce qu'il lui fallait, murmura Jean-René à part soi, car le voici qui s'adosse au tronc du vieil orme.

Il y avait au milieu du talus un orme très âgé, dont on avait, l'année précédente, rasé les grosses branches, en ne lui laissant que les jeunes pousses. François Quenquis s'y tint quelques instants appuyé, puis, tout à coup, sans que Jean-René Brélivet se fût rendu compte comment cela s'était fait, se trouva perché, à cinq pieds du sol, sur une ramille grosse à peine comme le doigt d'un enfant et qui, pourtant, ne semblait point plier sous son poids. Jean-René fut si émerveillé de la chose qu'il en oublia sa frayeur. Et, voyant que le mort le regardait avec douceur du haut de ce siège étrange, il s'enhardit à l'interroger.

— Nous avons toujours vécu en bonne amitié, François Quenquis. Explique-moi donc pourquoi, désirant t'asseoir, tu n'as pas choisi la maîtresse branche