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Procope[1], l’épisode le plus complet que l’antiquité nous ait transmis de la légende de la mort chez les Celtes. Tout y est suggestif à souhait, depuis le glissement de ces barques inconnues sur la mer nocturne jusqu’au mystérieux défilé funèbre à l’appel de l’invisible nomenclateur. Comment ne point rapprocher quelques-uns des détails contenus dans ce récit des traits analogues que nous a conservés la vieille poésie épique de l’Irlande ? Là aussi il est question d’un autre monde, où l’on se rend également par mer, soit dans un vaisseau de verre, soit dans un vaisseau de bronze. Les noms qu’on lui donne sont des plus divers : c’est tantôt mag mell, la « plaine agréable », tantôt tir innam beo, « la terre des vivants », tantôt tir nan ôg, la « terre des jeunes ». Dans les tableaux qu’on en fait, il est dépeint comme une contrée merveilleuse. La belle Fand le célèbre en termes séduisants à Condlé, fils de Cond : « Il y a un pays où il n’est pas malheureux d’aller. Je vois que le soleil baisse  ; quoique ce pays soit loin, nous y serons avant la nuit. C’est le pays de la joie ; ainsi pense quiconque le parcourt[2]. » Ni la mort, ni le péché, ni le scandale n’y sont connus ; le temps s’y passe


1. De Bello Gothico, IV, 20. Tzetzès reproduit ce passage avec des variantes insignifiantes (ad op. 169, chez Dübner, Plutarch i fragmenta et spuria, p. 20-21).

2. H. d’Arbois de Jubainville, L’épopée celtique en Irlande, p. 389.

  1. De Bello Gothico, IV, 20. Tzetzès reproduit ce passage avec des variantes insignifiantes (ad op. 169, chez Dübner, Plutarch i fragmenta et spuria, p. 20-21).
  2. H. d’Arbois de Jubainville, L’épopée celtique en Irlande, p. 389.