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— On a oublié d'ouvrir la fenêtre : mon âme ne peut pas s'en aller'.

Il n'y avait qu'une seule fenêtre dans la pièce : je courus à elle, et, poussant l'espagnolette, je l'ouvris toute grande. En revenant prendre ma place auprès du moribond je sentis comme une haleine embaumée, quoiqu'il n'y eût pas une seule fleur* dans la maison, puisqu'on était au cœur de l'hiver, en décembre.

Quand je fus pour me rasseoir sur ma chaise, je vis que Guilcher avait les yeux fixes et les lèvres écartées : en ce court intervalle, il avait rendu l'âme.

(Conté par Françoise Bideau. — Trévou-Tréguignec.) *

Lorsqu'un mourant trépasse les yeux ouverts, c'est que l'Ankou n'a pas fini sa besogne dans la maison, et il faut s'attendre à le voir revenir à bref délai pour quelque autre des membres de la famille'.

1. En Galles, quand une personne meurt, on ouvre les fenêtres (Rhys, Celtic folklore, p. 601). Eu Ecosse, on ouvre les portes et les fenêtres au moment de la mort (W. Gregor, Notes on the folklore of the North-East of Scotland, p. 206 ; J.-G. Frazer, Death and burial customs, Scotland, The Folklore Journal, t. III, p. 282). Dans un conte rapporté par Luzel (Légendes chrétiennes de la Bassê-Bretagne, t. II, p. 140), c'est par la fenêtre que sort un mort appelé par le diable. Cf. ci-dessus, p. 109-112.

2. Voir ci-dessous p. 204.

3. « A Plouédern, si l'œil gauche d'un mort ne se ferme pas, un de ses plus proches parents est menacé sous peu de cesser d'être » (Cambry, Voyage dans le Finistère, t. II, p. 169. Cf. Verusmor, Voyage en Basse-Bretagne, p. 341). En Ecosse, si les