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L'histoire du fusil

Nous avions une belle genêtaie, située au penchant de la colline, assez loin de la maison. Il ne manquait pas de gens pour y venir couper du genêt sans notre permission, de sorte que mon frère aîné décida un soir d'y aller faire le guet, pour tâcher de pincer le voleur. Quand il fut pour partir, je le vis qui se dirigeait d'abord vers la cheminée1.

— De grâce, lui dis-je, ne prends pas le fusil ! Mais il ne voulut pas m'écouter.

Une heure plus tard il rentrait, blême de colère.

— Qu'est-ce que tu as?

— Il y a que, non content de nous voler notre genêt, on m'a enlevé mon arme.

Et il nous raconta qu'au moment où il franchissait le talus de la genêtaie, son arme à la main, quelqu'un qui était caché de l'autre côté avait saisi le fusil par le canon, le lui avait arraché à l'improviste et s'était sauvé en l'emportant.

— Et tu n'as pas pu voir qui c'était ? demanda mon père.

i. C'est au manteau de la cheminée que sont accrochées les armes dans les fermes bretonnes.