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avant de se marier, avait eu-des relations avec une nommée Catherine Jagoury, de la rue Bourret, laquelle était employée à la manufacture des tabacs  ; la rumeur publique disait même que cette Catherine Jagoury avait eu de lui un enfant  ; ce qui était sûr, c'est qu'elle ne lui pardonnait pas de l'avoir abandonnée et, à diverses reprises, on l'avait entendue déclarer que, par un moyen ou par un autre, elle se vengerait. Le « coup de l'écuelle sous le lit » cachait évidemment un sortilège quelconque et qui ne pouvait avoir été imaginé que par la jeune fille délaissée.

La servante ne fit ni une ni deux  ; sans attendre d'avoir pris conseil de sa maîtresse, elle alla conter la chose à la police. Le commissaire manda immédiatement Catherine Jagoury à son bureau.

— Vous savez de quoi l'on vous accuse, n'est-ce pas ? Allons, dites la vérité.

La jeune cigarière devint toute blanche.

— Elle est donc morte! s'écria-t-elle... Eh bien! oui, c'est moi... Il m'avait donné sa parole... Elle n'avait qu'à ne pas l'épouser!

— Ainsi, c'est pour la faire mourir que vous avez mis l'écuelle ?...

— Oh! ce n'est pas moi qui l'ai mise, mais je ne dirai pas qui... Moi, vous pensez, on m'aurait jetée à la porte.

Et qu'y avait-il dans cette écuelle?

— Il y avait ce qu'il fallait : du sable de cimetière, trois coques d'œufs frais pondus par trois poules différentes, deux épingles en croix et des morceaux de reliques. Voilà. J'ai prononcé la formule sur le tout... —