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— C’est mauvais jour et tristesse que vous devriez dire, Loll ar Briz, fit, d’un ton larmoyant, Annie l’espiègle.

— Qu’y a-t-il donc, que vous parlez de la sorte ?

— Il y a que ma maîtresse ne sera pas votre femme, Loll ar Briz.

— Voulez-vous signifier par laque je ne suis plus de son goût ? ou bien, depuis dimanche dernier, est-il venu quelque nouveau galant qui m’a déplanté ?

— Liza Roztrenn ne sera pas votre femme ni celle d’aucun homme. Liza Roztrenn est maintenant auprès de Dieu !

— Morte ! Liza !… Prenez garde, Annie. Toute plaisanterie n’est pas bonne à faire.

— Mais regardez donc du côté de la table ! Soulevez le drap, et voyez ce qu’il y a dessous !

Le jeune paysan devint tout pâle. De quoi la petite servante s’amusa fort, au dedans d’elle-même. Il alla au drap, le souleva, et recula épouvanté.

— Hélas ! ce n’est que trop vrai ! s’écria-t il.

— Loll, prononça Annie en s’efforçant de garder son sérieux, n’avez-vous pas entendu dire que des amants avaient ressuscité leurs amoureuses mortes, en les prenant sur leurs genoux, et en leur donnant un baiser ? Si vous essayiez ce remède !…

— Malheureuse ! vous osez plaisanter encore !  !

— Essayez, vous dis-je, et ne vous fâchez pas. Tenez, je vais vous aider.

Elle se leva du banc où elle était assise. Mais elle ne se fut pas plus tôt approchée de la table, qu’elle faillit tomber à la renverse.