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désappointé, Loll s'apprêtait à reprendre le chemin de Plourivo. C'étaient alors chez les deux écervelées des éclats de rire sans fin. Loll ne tardait pas à se dérider lui-même, tout en reprochant à son amoureuse de gaspiller en enfantillages un temps qu'il eût été si bon de passer à se dire de douces choses. Mais Liza était incorrigible.

Un samedi soir, elle dit à la petite servante, avec qui elle couchait :

— Quelle farce drôle pourrions-nous bien faire demain à Loll ar Briz?

— Dame! répondit la petite servante, il faudrait en tout cas inventer quelque chose de nouveau, car nos anciennes ruses sont éventées presque toutes.

— C'est aussi mon avis. Écoute, Annie (c'était le nom de la petite servante), il m'est venu une idée. Je voudrais voir si Loll m'aime vraiment autant qu'il ledit. Quand il arrivera demain et qu'il te demandera où je serai, tu lui répondras, avec un visage tout triste : « Hélas! elle s'en est allée à Dieu ! Plus jamais vous ne la verrez en ce monde. »

— Vous ferez donc la morte, Liza ? Précisément.

— On prétend que cela porte malheur.

— Bah! une plaisanterie innocente... Rien que pour juger si Loll aurait peine de cœur en me croyant perdue.

— Soit, repartit A nnie.

Elles passèrent une grande moitié de la nuit à organiser le complot.

Le soleil du lendemain se leva. Nos deux folles s'en allèrent à