Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/211

Cette page n’a pas encore été corrigée


XXVI

La Mort invitée à un repas

Ceci se passait au temps où les riches n'étaient pas trop fiers et savaient user de leur richesse pour donner quelquefois un peu de bonheur au pauvre monde.

Eu vérité, ceci est passé depuis bien longtemps.

Laou ar Braz était le plus grand propriétaire paysan qui fût à Pleyber-Christ. Quand on tuait chez lui soit un cochon, soit une vache, c'était toujours un samedi. Le lendemain, dimanche, Laou venait au bourg, à la messe matinale. La messe terminée, le secrétaire de mairie faisait son prône, du haut des marches du cimetière, lisait aux gens assemblés sur la place les nouvelles lois, ou publiait, au nom du notaire, les ventes qui devaient avoir lieu dans la semaine.

— A mon tour ! criait Laou, lorsque le secrétaire de mairie en avait fini avec ses paperasses.

Et, comme on dit, il « montait sur la croix »1.

1. En Basse-Bretagne, le cimetière entoure généralement l'église, et dans le cimetière se dresse un calvaire de bois ou le plus souvent de granit, orienté vers la place du bourg. Son piédestal qui, en certains endroits, affecte d'ailleurs la forme d'une chaire, sert presque toujours de tribune publique. C'est de là-haut que les orateurs profanes s'adressent au peuple. « Monter sur la croix » est synonyme de haranguer.

— Gà!