Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/207

Cette page n’a pas encore été corrigée


— Pouah! s'écria-t-il aussitôt, on a oublié d'y mettre du sel I

— Hé! répondit la duchesse, d'un ton goguenard, qu'importe !

— Cette bouillie est exécrable, vous dis-je.

— Il faudra cependant que vous la mangiez telle quelle. Vous devez l'exemple à nos paysans. Vous les privez de sel. Privez-vous-en vous-même.

— J'entends qu'on sale mes aliments!

— Abolissez donc la gabelle.

— Je ne le puis. J'ai juré d'aider à la maintenir, tant que je vivrai.

— Tant que vous vivrez?

— Certes.

— Oh! bien, ce ne sera donc pas pour longtemps ! fit la duchesse Anne, et, prenant sur la table un Couteau à lame effilée, elle le plongea dans le cœur de son mari. Puis elle ordonna à un de ses domestiques d'aller annoncer partout que la gabelle était morte.

Les nobles protestèrent :

— Votre mari, dirent-ils, avait cependant juré de maintenir la gabelle, tant qu'il vivrait.

— Oui, répondit la duchesse Anne, mais il est mort, et avec lui nous allons enterrer la gabelle.

Depuis lors, en effet, 'on n'a plus jamais entendu parler de ce fléau du monde.

(Conté par Anna Dutrot. — Pédernec, 1888.)

La Peste (ar Vossenn) est boiteuse. Cela ne l'èmpê