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— Maintenant, je vais vous payer, dit l'homme.

— Oh ! ça ne vaut pas qu'on en parle.

— Si ! tout travail mérite salaire. Je ne vous donnerai pas d'argent, Fanch ar Floc'h, mais, ce qui a plus de prix que l'argent et que l'or : un bon avertissement. Allez vous coucher, pensez à votre fin, et, lorsque votre femme rentrera, commandez-lui de retourner au bourg vous chercher un prêtre. Le travail que vous venez de faire pour moi est le dernier que vous ferez de votre vie. Kénavôl (Au revoir).

L'homme à la faux disparut. Déjà Fanch ar Floc'h sentait ses jambes se dérober sous lui : il n'eut que la force de gagner son lit où sa femme le trouva suant les angoisses de la mort.

— Retourne, lui dit-il, me chercher un prêtre.

Au chant du coq, il rendit l'âme, pour avoir forgé la faux de l'Ankou1.

(Conté par Marie-Louise Daniel. — Ploumilliau.)

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L'Ankou a deux pourvoyeuses principales qui sont :

1° La Peste {ar Vossenri) ;

2* La Disette {ar Gernès, c'est-à-dire la Cherté).

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Autrefois, il en avait une troisième : la Gabelle (ann Deok holen, le droit du sel). Mais celle-ci, la duchesse Anne en a purgé le monde.

1. Cf. A. LeBraz, Vieilles histoires du pays breton, p. 223-245.