Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 1 1902.djvu/204

Cette page n’a pas encore été corrigée

fit l'homme, avec un ricanement étrange,il y a plus d'un quart-d'heure que la cloche de l'Élévation a tinté.

— Ce n'est pas Dieu possible ! s'éci'ia le forgeron en laissant tomber son marteau.

— Si fait ! répartit l'inconnu. Ainsi, que vous travailliez un peu plus, un peu moins !... D'autant que ce n'est pas ce que j'ai à Vous demander qui vous retardera beaucoup  ; il ne s'agit que d'un clou à river.

En parlant de la sorte, il exhiba une large faux, dont il avait jusqu'alors caché le fer derrière ses épaules, ne laissant apercevoir que le manche, que Fanch ar Floc'h avait au premier aspect pris pour un bâton.

— Voyez, continua-t-il, elle branle un peu : vous aurez vite fait de la consolider.

— Mon Dieu, oui! Si ce n'est que cela, répondit Fanch, je veux bien.

L'homme s'exprimait, d'ailleurs, d'une voix impérieuse qui ne souffrait point de refus. Il posa lui-même le fer de la faux sur l'enclume.

— Eh! mais il est emmanché à rebours, votre outil ! observa le forgeron. Le tranchant est en dehors! Quel est le maladroit qui a fait ce bel ouvrage?

— Ne vous inquiétez pas de cela, dit sévèrement l'homme. Il y a faux et faux. Laissez celle-ci comme elle est et contentez-vous de la bien fixer.

— A votre gré, marmonna Fanch ar Floc'h à qui le ton du personnage ne plaisait qu'à demi.

Et, en un tour de main, il eut rivé un autre clou à la place de celui qui manquait.