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La malheureuse femme retourna ses poches pour lui faire constater qu'elles étaient vides.

— Vous voyez bien que je n'ai pas un rouge liard.

— Il faut cependant que vous me donniez quoique chose ! Il le faut !

— Quoi  ? que puis-je vous donner  ? murmura-t-elle, à bout de forces.

— Vous avez votre alliance d'or. Déposez-la dans le plateau.

Elle n'osa pas dire non. Elle croyait sentir tous les yeux fixés sur elle. Elle fit glisser sa « bague de noces » hors de son doigt. Mais à peine l'eut-elle déposée dans le plateau, qu'une angoisse étrange lui étreignait le cœur. Elle se prit le front entre les mains et se mit à pleurer en silence. Combien de temps resta-t-elle dans cette attitude ? Elle n'aurait su le dire.

... Six heures cependant venaient de sonner. Le recteur de Bréhat en ouvrant une des portes basses de l'église ne fut pas peu surpris de voir une femme à genoux, au pied de l'un des piliers. Il la reconnut aussitôt, et, allant à elle, il lui toucha l'épaule :

— Que faites-vous là, Marie Cornic ? Elle sursauta sur sa chaise.

— Mais... Monsieur le recteur j'assiste à la messe !...

— La messe!!... Au moins eussiez-vous dû attendre qu'elle fût commencée !

Alors seulement, Marie Cornic songea à regarder autour d'elle. De l'innombrable assistance qui tout à l'heure emplissait l'église, il ne restait plus personne. Elle faillit s'évanouir