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inconnus ne faisaient pas entendre le bruit cadencé 1' de leurs avirons. Le vent s'était apaisé. La nuit était silencieuse. Nous n'entendîmes rien de particulier.".:1' Il n'en fut pas de même, le troisième soir. Ma mère" venait d'éteindre la chandelle, quand de nouveau arriva jusqu'à nous le plic-ploc de quatre rames frappant l'eau, deux à deux. De nouveau, je me levai. Cette fois, je voulais en avoir le cœur net, je voulais voir. Je me rhabillai et je sortis. La mer miroitait sous la lune. Je fouillai des yeux toute l'étendue claire des eaux. Je ne vis que les rochers de Saint-Gildas qui semblaient des spectres et, très loin, les bêtës1 > mauvaises, les Sept-lîes1. De barque, point !

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L Le paysage de mer que l’on embrasse du Port-Blanc, est, le . . soir, l'un des plus fantastiques que je connaisse. A droite est l'île de Saint-Gildas, avec sa chapelle de pierres brutes, son petit bois de pins, et la grande traînée de ses roches éparses. A gauche, c'est Groagué (l'île aux femmes) et, plus au nord, les masses cy-'P clopénnes du Castel-Nevez et du Castel-Coz (du château neuf et ir du château vieux). Par derrière, s'aperçoit Tomé, en breton Tam.t féak, longue échine tourmentée où la lumière se joue, suivant.JfltR temps et l'heure, en teintes adorables ou sinistres. Enfin, à l'ex- j trême horizon, comme bâties aux confins de la mer visible, apparaissent « Ar Gentilès », les Sept-Iles, Rouzic (La Roussote) èri'stête» Véritables apparitions, en effet ! Fantômes capricieux, qui," npar les jours clairs, semblent s'avancer jusqu'à toucher presque la côte, puis, soudain, s'évanouissent dans la brume, dans ia i j profonde immensité grise, comme ces demeures enchantées que j. l'imagination bretonne croit voir surgir, à époques fixes, du mouvant infini des eaux.

El cependant