encore dans les mains son fusil qu'il était sans doute en train d'astiquer, comme chaque fois qu'il revenait du dehors par mauvais temps. Persuadé que je rêvais a des choses pénibles, il me secoua de toute sa force. —. Réveille-toi, Marguerite !
— Oh ! je ne suis que trop réveillée, répondis-jo. Mes dents claquaient et tout mon corps ruisselait
d'une sueur froide, comme si vraiment je fusse sortie d'un bain. Mon père, très ému, me demanda ;
— Alors, qu'est-ce qu'il te prend ? Qu'esl-ce qui t'est arrivé ? Parle!
Je le regardai avec des yeux suppliants, en silence. Il adoucit aussitôt sa voix, me caressa, m'encouragea: N'aie pas peur... Ta mère m'a déjà conté que tu avais eu de drôles d'idées dans la tête, ce soir : dismoi ce que c'est ; je ne te gronderai pas.
Je lui jetai mes bras autour du cou et me mis à sangloter contre sa poitrine.
— La mer ! m'écriai-je... toute la mer était là, dans mon lit, et il y avait dedans le corps d'un noyé qui flottait.
— Et comment était-il, ce noyé ?
— Je ne sais pas... Je ne l'ai vu que par en-dessous, et je n'ai remarqué qu'une chose, c'est qu'il portait un caleçon rouge comme ceux de l'oncle Jean.
— Eh bien ! petite, c'est signe que l'oncle Jean est en bonne santé. N'as-tu pas entendu dire qu'on rêvait toujours le contraire de la vérité ?
— Ce n'était pas un rêve, murmurai-je. Il ne fit pas semblant de comprendre.
— Donne-moi une de tes mains et rendors-toi. Je reste à